- gnôle
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• 1882; mot franco-provenç.♦ Fam. Eau-de-vie, alcool. Un petit verre de gnôle.gnôlen. f. Fam. Eau-de-vie.⇒GNOLE, GNÔLE, subst. fém.Pop. Eau-de-vie, généralement très forte. Verre de gnôle. Encore un coup de gniôle, allons! De l'eau-de-vie en grains, dégueulasse : ça vous fera du bien tout de même (GENEVOIX, Éparges, 1923, p. 166). Hep, là! Il tourne de l'œil... Des camarades lui passèrent de la gnole (ARAGON, Beaux quart., 1936, p. 493).Prononc. et Orth. : [
]. Comme d'autres mots pop. il connaît de nombreuses var. graph. : gnole (Lar. 20e, Lar. encyclop., Lar. Lang. fr.), gnôle (Lar. 20e, Lar. encyclop., Lar. Lang. fr., ROB.), gniole (Lar. Lang. fr.), gniôle (Lar. 20e, Lar. encyclop., ROB.), gniaule (Lar. 20e, Lar. encyclop.), gnaule (ROB., Lar. Lang. fr.), niaule (Lar. 20e, Lar. encyclop., Lar. Lang. fr.), niôle (Lar. encyclop., Lar. Lang. fr., ROB.), gniolle (LE BRETON, Rififi, 1953, p. 49, 139). Étymol. et Hist. 1882 (témoignage recueilli à Carouge (près de Genève) par G. ESNAULT ds Fr. mod. t. 16, p. 294); autres attest. ds ESN. Mot francoprovençal (et des régions voisines) désignant une eau-de-vie produite à partir du sureau noir, forme dial. de hièble avec agglutination de l'art. déf. (cf. ALF, n° 1595, points 11 et 804 et, en dehors du domaine gallo-rom., FEW t. 3, p. 202b; v. G. ESNAULT, loc. cit. et B. MÜLLER ds R. Ling. rom. t. 38, p. 388). Le mot s'est vraisemblablement répandu dans le fr. pop. au cours de la Première Guerre mondiale. Fréq. abs. littér. : 25.
gnôle [ɲol] n. f.ÉTYM. 1882; mot dial. (Bourgogne, Lyonnais), « eau-de-vie de mauvaise qualité », p.-ê. de yôle, var. de hièble (sureau dont on fait de l'eau-de-vie), par mauvaise coupure de une yôle, ou (Guiraud) var. de nielle « ivraie enivrante » avec infl. possible du dial. gnole « brouillard » (lat. nebula).❖♦ Fam. Eau-de-vie, alcool. || Une bouteille, un verre de gnôle. || Prendre une gnôle, un petit coup de gnôle. — REM. On écrit aussi gnole, gniole, gniôle, gnaule, gniaule, gniolle, niaule et niôle.1 (…) cette sale habitude que tu as quand on nous distribue de la gniôle, sous prétexte que tu crois que ça fait du mal, au lieu de donner ta part à un copain, de la verser sur la tête pour te nettoyer les tifs.H. Barbusse, le Feu, XIII.2 Lyon a fourni quelques mots pittoresques à l'argot de la guerre : leur histoire mérite d'être contée. Le plus répandu est le nom de l'eau-de-vie, la gnôle ou niôle (…) Dans les patois franco-provençaux (Lyonnais, Savoie, Suisse romande), niôla, descendant du latin nebula, désigne le brouillard ou les nuages (…) L'eau-de-vie peut donc également, suivant les conceptions populaires, chasser la brume ou créer le brouillard devant les yeux (…)A. Dauzat, l'Argot et la Guerre, IV, p. 100.3 Mais alors, les joues calées, la panse pleine, le ventre au chaud, les pieds au sec, le pinard regorgeant par les yeux, ayant bu le café, le pousse-café et la rincette, et encore un dernier coup de gniole, les pipes allumées, il nous semblait pénible d'avoir à se lever de table et inique de s'équiper, de s'armer pour partir en patrouille (…).B. Cendrars, la Main coupée, in Œ. compl., t. X, p. 139.4 Un peu de gnole ! offrit l'Homard de son air le plus engageant. Pascal tendit sa tasse et l'autre en profita pour amener la bouteille.Francis Carco, les Belles Manières, p. 82.
Encyclopédie Universelle. 2012.